18 février 2005

Le battement d'ailes du papillon

Il y a des jours comme ça, où tout bascule en un instant. Je vais vous raconter une histoire, un petit conte moderne.
Il était une fois une jeune fille bien sous tout rapports, cela va sans dire, qui allait commencer un stage à Reims, ayant *enfin* terminé sa scolarité. Il fallait donc pour ce faire qu’'elle emménage dans l’'appartement qu’'elle avait eu d'ailleurs bien du mal à trouver. Ce matin là, c’'était un dimanche, elle s’'en souviendra certainement toute sa vie, elle se leva anxieuse : ses parents lui avaient pourtant bien dit qu’'ils n'’envisageraient pas de traverser un bout de France, remorque au vent et à la pluie. Et ce matin là, il ne pleuvait pas. Non. C’était pire : il se mit à neiger comme jamais. Résignée à camper dans son futur appartement, elle traînait sa bouderie dans la maison de ses parents comme d’'autres ne lèvent pas les pieds lorsqu'’ils marchent, lourdement. Son père, malgré tout, prépara la remorque. Elle finit par l’'aider, maigre espoir, à force de bâches en plastique censées protéger son lit des intempéries de l’'après-midi. Cette tâche à peine terminée, elle quitta le garage et rentra dans la maison. Elle fut agacée de voir qu’'une petite voiture stationnait devant la maison : il était presque 14 heures et ils n’'avaient toujours pas déjeuné. Quel intrus pouvait bien venir comme ça un dimanche à 14 heures, dans la Meuse ? Elle ne connaissait personne ayant une 206 rouge immatriculée 75. Elle alla donc ouvrir, un masque d’'indifférence sur le visage. La voilà donc à la porte et nous retenons notre souffle en même temps que ses neurones.
Elle vient d’'ouvrir et elle a l'’impression que c'’est Lui. Mais ça n’est pas possible, parce que son chéri est à New York, certainement encore en train de dormir à cette heure précise de la journée, de l’'autre côté de l’'Océan. Ses neurones essaient de comprendre, et abandonnent, pour se mettre en état d’'alerte maximum : cordes vocales ? Parées. Sautillement ridicule ? Paré. Petit élan pour aller se jeter dans ses bras ? Bon, ben le temps qu’on l'’écrive, elle y est déjà.
Dans un moment d'’égarement passager, il a booké un aller-retour en avion pour une journée avec elle, en France, comme ça, juste parce que c’était la Saint Valentin le lendemain et qu’'il avait une envie folle de la voir.
Alors, accessoirement, puisqu’'il était là, il a profité du déjeuner tardif et a joué l’'esclave une bonne partie de l'’après-midi pour le déménagement : chargement de la voiture, roulage sous la pluie, la neige et le grésil (eh oui…), déchargement de la voiture, mise en place des meubles dans l’'appartement.
Et le soir, alors que ses parents à elle rentraient, fatigués de cette après-midi chargée, il l’'a emmenée dans un très beau restaurant de la région.
Le lendemain, elle commença son stage. C’'était la Saint Valentin. Il neigeait toujours et elle n’'était plus en vacances mais ça n’'était pas très grave. Au moment où elle écrivait cette histoire sur son ordinateur, il était déjà reparti depuis longtemps, dormant comme il pouvait, coincé certainement entre deux individus nord américains d’'opulente corpulence sur le siège d’'un avion. Elle avait du mal à y croire, et pourtant…

Je ne sais pas vous mais moi, des histoires pareilles, je n’'ai jamais vu ça que dans les films, et encore, plutôt du genre comédies romantico-gnan-gnan du type elle l’'aime il l’'aime la vie est belle. Dans la réalité, la vraie vie qui ne fait pas de cadeaux, jusqu’'ici, j’avais plutôt l'’habitude de prendre une grande baffe dans les dents, et de ravaler mes larmes. Mais parfois, un battement d’'ailes de papillon à New York crée d'’étranges tourbillons dans la Meuse.

Moi, petite fille, trop nourrie aux contes de fées, et désenchantée par la vague Bridget Jones, me voilà surfant sur un petit nuage, plein de u et d’accents circonflexes dessus…

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